Les « saints de glace » ont encore frappé sur Rennes – et sur l’Hexagone – dimanche dernier ! Et, comme (très) souvent, la French Inline Cup de Rennes sur Roulettes s’est courue, en grande partie, sous la pluie… Ce qui n’a pas empêché l’élite mondiale du roller de vitesse de donner un spectacle de grand cru et d’écrire une page épique à la légende de la doyenne française des marathons. L’Allemande Jana gegner (Zepto) et le Suisse Roger Schneider (Athleticum Rollerblade) ont raflé des accessits, l’une en jouant de ses qualités de sprinteuse et d’une patience de roublarde, l’autre en étalant toute sa puissance et sa hargne.
La coutume voudrait que certains circuits, notamment les « ville à ville », soient des circuits physiques – à cause du dénivelé presque toujours au programme – et que d’autres, à savoir les circuits urbains, soient catalogués comme plutôt techniques. Mais voilà, la réalité contredit parfois la théorie : allez tout simplement demander aux participants de la vingt-cinquième édition de Rennes sur Roulettes si leur course n’était pas physique ! Posez-leur la question de leur état physique un ou deux jours après, et ils vous répondront : courbatures, mal au dos, bobos !
Car dimanche dernier, tous les ingrédients étaient réunis pour faire de Rennes sur Roulettes l’une des courses les plus physiques de l’année : vent en rafale, températures en chute libre, tracé piégeux (plaques d’égout, bandes blanches, virage en épingle à cheveu…). Et, pour rajouter au tableau, des pelotons étoffés (normal, Rennes sur Roulettes est aussi une World Inline Cup) de 70 féminines et 190 masculins pour les deux marathons…
En ce qui concerne la course féminine, elle s’est jouée incontestablement par l’avant, et qui plus est en deux actes. Premier acte : un paquet qui s’effiloche au rythme des attaques des principaux teams internationaux (Sportvital Rollerblade, Ssanygong Jesa Bont, Alessi Powerslide pour ne citer qu’eux). Deuxième acte : les plus agiles qui partent irrémédiablement du paquet de tête dès lors que la pluie commence à tomber, c’est-à-dire aux trois-quarts de la course à peu près. A six tours de l’arrivée (sur 16 au départ), six patineuses seulement peuvent encore prétendre à la victoire, parmi lesquelles le trio des grandissimes favorites de Sportvital Rollerblade, Laura Lardani (vainqueure de la WIC en titre), Tamara Llorens et Michaela Neuling.
Tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie…
Mais ni l’Italienne, ni l’Argentine et ni l’Allemande ne sont parvenues à contrer efficacement les attaques au marteau pilon de la jeune Nicole Begg (Ssangyong Jesa Bont). Cette dernière semblait d’ailleurs bien partie pour l’emporter, au terme des 43,5km de course ; mais comme on dit, tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie… Et effectivement, la Néo-zélandaise s’est véritablement fait chiper une victoire qui lui semblait promise par une autre jeune pousse, la Berlinoise Jana Gegner, championne d’Europe de vitesse tout de même, le tout en 1h21’31 ! Du côté des Françaises, Nathalie Barbotin (Alessi Powerslide) réglait le sprint du second peloton, pour la septième place, une minute plus tard, devant Linda Schellekens (Decathlon Roller)
A peine le temps de souffler – pour les spectateurs, pas pour le vent, qui lui a soufflé sans discontinuer – et voici que le speaker annonçait déjà les principales têtes d’affiche sur la ligne de départ des 52,2km masculins (soit 19 tours). Le ciel n’annonçait rien de bon et pourtant le circuit avait eu le temps de sécher un peu… En tout cas, la seule certitude, c’est que le départ de la seconde grande course de l’après-midi allait se faire sur le sec. En fait, il devait recommencer à pleuvoir deux tours plus tard… L’autre fait de course important, c’est la chute qui s’est produite dans une partie un peu plus resserrée du parcours, et qui a légèrement désorganisé le gros du paquet : additionné à la pluie, cela explique en partie les premiers trous et les premières cassures. Au passage, et c’est à signaler, un certain Roger Schneider (Athleticum Rollerblade) se trouvait piégé par cette fameuse chute, se relevait complètement en queue de paquet (c’est-à-dire aux alentours de la 150ème place), et commençait sa remontée fantastique vers… Continuons plutôt à suivre la course : nous retrouverons le Suisse un peu plus tard !
La pluie redouble et l’adhérence décroît !
Quoiqu’il en soit, aucune surprise n’était à noter en ce qui concerne les hommes en tête, si ce n’est l’abandon progressif des coéquipiers du favori numéro 1, Massimiliano Presti (Bont Hyper) : mais l’Italien, vainqueur à Rennes en 2006 et en 2004, sait aussi se débrouiller tout seul ! D’ailleurs, on devait le retrouver accompagné de Shane Dobbin et de Diego Rosero (Sportvital Rollerblade), de notre fameux Roger Schneider (nous avons bien parlé d’une remontée fantastique…) ou encore de Pier Davide Romani (TNT Corea) aux avant-postes dès le deuxième quart de la course. Les dés étaient jetés : derrière, le peloton des poursuivants stagnait et de nombreux favoris stoppaient leur poursuite, victimes de chutes ou du surplus d’énergie à dépenser pour tenir debout tout simplement – car en plus, la pluie redoublait et elle rendait l’adhérence très très délicate !
Au bout d’une énième attaque, Roger Schneider (décidément dans un jour exceptionnel) parvenait à se faire la malle avec Shane Dobbin : Massi Presti et Pier Davide Romani devaient les regarder partir impuissants et par ailleurs bien marqués par le coéquipier de Shane, Diego Rosero. Le plus remarquable dans l’histoire, c’est que ni Dobbin ni Schneider (qui fait deux mètres de haut) ne sont a priori de « bons » patineurs sous la pluie, vu leur gabarit (en tout cas potentiellement moins que leurs « petits » poursuivants).
Mais les deux avaient des jambes de feu, indéniablement. Et celui qui en avait encore gardé le plus sous la pédale, c’était Schneider : lui qui est un spécialiste des victoires en solitaire (c’est ainsi qu’il a déjà gagné la WIC dleBerlin ou au marathon des championnats d’Europe) s’est cette fois-ci fait accompagner par Dobbin avant de le déposer quelques encâblures avant la ligne. 1h33’24 : le chrono de la course reste anecdotique, vu les conditions météo, mais il prouve soit dit en passant que Rennes sur Roulettes 2007 fut vraiment une course pour les costauds ! Il restait encore une place sur le podium et elle revenait à Massi Presti, devant Rosero, Fabien Hascoët (le jeune Français du team Sportvital Rollerblade, qui était revenu à deux tours de la fin sur le groupe) et Romani.
Vincent Esnault.