Communiqué du 30/10/2002
Demandez à un patineur de vous montrer ses genoux ou ses coudes et vous aurez l'impression qu'il souffre de problèmes d'équilibre. C'est paradoxal puisque le roller est par essence un sport d'équilibre. Mais c'est aussi un sport où l'on tombe (trop) souvent. Encore qu'il faille bien spécifier ce que l'on entend par une chute. Comment et pourquoi chute-t-on ? Comment y remédier ? Le risque zéro existe-t-il ? Ce sont autant de question qui méritent d'être posées.
Au fil des années, les pelotons de compétition s'étoffent. Et le niveau d'ensemble s'élève. il n'est pas rare de voir des marathons se courir en une heure et un peu plus, donc à des moyennes horaires avoisinant les 40 km/h. Or, dans un peloton lancé à vive allure, les temps de réaction sont réduits. Et les seuls moyens à la disposition d'un athlète pour parer à un éventuel problème, ce sont ses mains et ses pieds - car rappelons que le patineur ne dispose pas de freins et son corps repose sur son propre poids, sur ses reins. Or les mains et les pieds sont des moyens parfois fort peu efficaces. Dans la course, on se touche, on se frotte, on entend des bruits de ferraille et on peut tomber.
Certaines chutes résultent de défaillances personnelles. Par exemple, un compétiteur limité techniquement s'expose par le fait même à certains risques : ne pas bien coordonner ses mouvements par rapport aux autres est toujours dangereux pour l'ensemble parce que cela provoque des trous dans la file, des hésitations, des touchettes. Une bonne technique est un atout indéniable dans ce sport. Une bonne condition physique est également nécessaire à la pratique du roller en compétition. Car la fatigue entraîne une baisse de la vigilance. Et ça se voit tout de suite dans un peloton lancé à vive allure. Contre les défaillances personnelles, il n'existe qu'une solution : travailler pour se mettre à niveau.
D'autres chutes peuvent être liées à l'état de la chaussée proposée aux coureurs. Car le patineur ressent immédiatement ce qui se passe sous son patin. Il suffit d'un peu de terre ou d'un goudron ramolli par la chaleur pour que les roues se bloquent ou se plantent. Avec parfois des conséquences difficiles. La route n'est pas toujours lisse comme une piste et ça peut aussi poser des problèmes, même si les roues alignées minimisent la sensibilité aux trous et autres imperfections de la chaussée. Enfin, le patineur aime rarement la pluie. Quand les conditions climatiques se détériorent, il est nécessaire de redoubler d'attention. Le moindre détail peut avoir son importance : des feuilles tombées, une plaque d'huile, des passages piétons. Ce sont autant de pièges qui attirent les chutes. Avec l'expérience et en adoptant un patinage approprié à ces circonstances, les athlètes peuvent parer à ces difficultés, voire même les maîtriser.
Il existe une troisième catégorie de cas pouvant s'avérer dangereux dans la pratique du roller de compétition : ce sont les failles dans l'organisation. Il ne s'agit pas de tirer à boulet rouge sur les équipes souvent bénévoles d'organisateurs de courses, mais de constater certaines situations. Car la sûreté des pratiquants est primordiale pour rendre crédible notre sport. Or, le tracé de certains marathons accentue parfois les dangers, inutilement. A Zürich ou à Vienne, la route croise des rails de tramways et il ne fait pas bon y coincer son patin. La sinuosité du marathon du Val d'Oise et l'étroitesse des rues empruntées ont parfois été fatales à des pare-brise de voitures mal placés. La circulation reste un point de tension dans quelques courses. On a vu que trop de voitures circulaient en même temps que les compétiteurs à Annecy (et que deux voitures ont provoqué un accident heureusement moins grave que spectaculaire). Des motards de l'organisation ont semble-t-il mal apprécié la vitesse des athlètes lors de courses comme le Val d'Oise et Saint-Gallen en 2001 : ils les ont fauché sans que ceux-ci puissent avoir le temps de freiner. Des points de détails peuvent de même avoir leur importance : par exemple, lors du marathon de Zürich cette année, la chaleur a décollé les tapis mis en place sur les arrivées et sur lesquels les patineurs passaient à chaque tour. Ces tapis se sont fatalement accrochés dans des patins à deux reprises, lors du passage des hommes et lors du passage des femmes, provoquant deux chutes massives spectaculaires et graves pour quelques athlètes. Autant de cas à méditer et de points à améliorer. Pour que l'ensemble du roller progresse dans le bon sens.
Vous aussi, vous avez sans doute fait la douloureuse expérience de la chute lors d'une compétition. En avez-vous conclu que le roller est un sport de compétition dangereux ? Réagissez sur le forum du site !
Vincent Esnault